Canicule : l’employeur peut-il imposer à un salarié du télétravail exceptionnel, ou bien à l’inverse lui demander de revenir dans l’entreprise ?
Lorsqu’une alerte orange, voire rouge, canicule est mise en place, cela impose à l’employeur de prendre des mesures pour protéger les salariés.
Le télétravail peut être une des solutions à mettre en place. Mais il faut aussi s’assurer que le télétravailleur est bien protégé contre le risque de forte chaleur…
Fortes chaleurs : le télétravail est à privilégier !
En cas de fortes chaleurs, les employeurs doivent prendre des mesures pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs contre des risques d’épuisement ou de déshydratation.
Dès que les températures deviennent trop élevées, il faut ainsi mettre en place une organisation et des moyens adaptés comme des horaires décalés, des pauses plus fréquentes mais aussi le télétravail lorsque cela s’évère possible.
Le Code du travail impose uniquement aux employeurs, dans des locaux fermés où les salariés sont amenés à travailler, de veiller au renouvellement régulier de l’air, et d’éviter les élévations exagérées de température. Il n’y a pas officiellement de limite de température.
Cependant, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère cependant qu’au-delà de 30 °C pour un salarié sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés. Et que le travail par fortes chaleurs et notamment au-dessus de 33 °C présente des dangers. En pratique, si les températures dépassent les 30 °C, la situation doit donc être considérée comme sérieuse.
Le ministère du Travail le rappelle régulièrement : il faut privilégier le télétravail lorsque cela est possible. Cela permet en effet notamment à un salarié de ne pas sortir de chez lui et de ne pas être exposé à la chaleur pendant son temps de trajet (notamment s’il prend les transports en commun ou vient à vélo).
Si un département passe en vigilance rouge, la liste des salariés bénéficiant du télétravail doit être réexaminée, en prêtant une attention particulière aux femmes enceintes, aux personnes souffrant de pathologies chroniques ou en situation de handicap.
Cela ne pose pas de difficultés si le télétravail est déjà mis en place dans l’entreprise par le biais d’un accord collectif ou d’une charte. Dans ce cas, les modalités de recours à un télétravail exceptionnel sont généralement prévues à l’avance et il suffit de les suivre.
L’employeur et le salarié peuvent également à tout moment, convenir de recourir au télétravail d’un commun accord.
Le salarié ne peut en revanche pas imposer à son employeur le télétravail. Il peut néanmoins faire valoir qu’il dispose d’un droit de retrait s’il a un motif raisonnable de penser qu’il court un danger grave et imminent pour sa santé mettant ainsi en péril sa santé et sa sécurité. Cela peut arriver si l’employeur n’a pas mis en place des moyens adaptés pour lutter contre les fortes chaleurs.
Du côté de l’employeur, il est également difficile d’imposer le télétravail aux salariés.
On sait qu’en cas de circonstances exceptionnelles ou de force majeure le télétravail peut être imposé aux salariés. Cela a pu notamment être le cas avec la menace épidémique du Covid-19. La mise en œuvre du télétravail peut en effet être considérée comme un aménagement du poste de travail rendu nécessaire pour permettre la continuité de l’activité de l’entreprise et garantir la protection des salariés.
Mais une période de canicule peut-elle vraiment être considérée comme une circonstance exceptionnelle ? La question n’est pas tranchée même si cela semble probable en cas d’alerte rouge voire orange.
Encore faut-il s’assurer que le télétravail est vraiment une bonne solution pour protéger le salarié…
Parfois la situation peut être inversée. Le salarié peut en effet davantage être exposé à la chaleur chez lui que dans l’entreprise « climatisée ». Tout va dépendre en effet de ses conditions de travail.
Peut-on imaginer qu’un salarié habituellement en télétravail puisse demander à revenir dans l’entreprise, ou que l’employeur le lui impose car il serait davantage protégé ?
Là encore il faut regarder les conditions de mise en place du télétravail et ce qui a été stipulé dans l’accord et la charte. Le plus important étant de toute façon d’instaurer un dialogue entre le salarié et l’employeur pour se mettre d’accord sur la meilleure solution à retenir. L’employeur et le salarié peuvent, d’un commun accord, convenir de mettre fin au télétravail et organiser le retour du salarié dans les locaux de l’entreprise.
Si le retour au travail n’est pas la meilleure solution l’employeur peut par exemple proposer de décaler les horaires (en veillant à respecter les stipulations du contrat de travail et les modalités de modification de l’horaire habituel de travail).
Le sujet est donc compliqué, et il semble essentiel de dialoguer pour trouver la meilleure solution pour protéger les employés.